Le journal secret de Charlotte Brontë, Syrie James

Publié le par LadyRomance

Le journal secret de Charlotte Brontë, Syrie James

Publié aux Edtitions Milady, en février 2016, 659 pages.

Thèmes : Charlotte Brontë - Amour - Ecriture

«J’ai écrit sur les joies de l’amour. Au fond de mon coeur, je rêve depuis longtemps de vivre une relation intime avec un homme. Chaque Jane, j’en ai la conviction, mérite son Rochester.»

Même si Charlotte Brontë est pauvre, dotée d’un physique quelconque et dépourvue de relations, elle possède une fougue qui ne se révèle qu’à travers ses écrits. Vivant retirée dans le Yorkshire avec ses soeurs, son frère et un père qui devient aveugle, elle rêve d’une passion réelle aussi dévorante que celles qui peuplent son imagination. Au fil des pages de son journal intime, Charlotte Brontë nous livre ses sentiments sur les hommes qu’elle rencontre ainsi que ses désirs les plus secrets…

                                               °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Je croyais en achetant cet e-book que j'allais lire une histoire supposée de Charlotte Brontë, imaginée et inventée par Syrie James. Je ne me doutais pas que j'allais vivre le privilège de connaître quasiment toute sa vie en lisant ce roman. Parce qu'il s'agit plus à mon sens d'un roman que d'un journal intime classique. D'ailleurs, l'auteure le dit elle-même : "Même si certains considéreront peut-être que cette histoire ressemble plus à l'un des romans adorés de Charlotte qu'à un journal intime, je crois qu'elle l'aurait écrit ainsi, car elle se serait sentie à l'aise dans ce style et dans cette structure".

Je ne connaissais de la famille Brontë uniquement les adaptations à l'écran de Jane Eyre. Avec ce roman, Syrie James nous entraîne dans la vie de son auteure Charlotte Brontë qui raconte sa vie de famille avec ses soeurs, son frère et son père, avec des épisodes de son enfance et de sa vie d'adulte. C'est un peu comme une autobiographie romancée qui nous est offert de lire, une entrée respectueuse dans la vie intime de Charlotte, ses sentiments, ses émotions, ses pensées et sa vie d'écrivain.

Syrie James nous présente son livre ainsi : "L'histoire que vous vous apprêtez à lire est vraie. L'existence de Charlotte est si fascinante que j'ai pu en dérouler le fil en me fondant presque entièrement sur des faits, ne présumant que lorsque j'ai estimé nécessaire de rehausser le conflit dramatique ou de combler les lacunes dans le récit et d'ajouter des commentaires choisis ou des notes de bas de page pour le clarifier." Et c'est un véritable cadeau qu'elle partage avec nous en se mettant dans la peau de Charlotte Brontë avec beaucoup d'humilité. L'auteure semble en être tellement habitée que j'ai eu la réelle sensation de lire la vie écrite de la propre main de l'auteure de Jane Eyre.

Dans ce roman, on part du principe établi que l'on aurait retrouvé des cahiers cachés et oubliés depuis près d'un siècle identifiés comme le journal intime de Charlotte Brontë. Elle l'aurait débuté le 16 février 1853 à l'occasion d'une demande en mariage que tous rejettent, reçue deux mois auparavant du vicaire de son père, Arthur Bell Nicholls, avec qui elle eut une longue et houleuse relation durant les huit dernières années. Si cette relation avec le vicaire est le fil conducteur de ce journal, c'est beaucoup plus qui nous est révélée : quasiment toute sa vie !

C'est fascinant, captivant et intense. Cela nous entraîne dans le monde intérieur riche et profond de Charlotte, des événements qui ont marqué sa vie et dont elle s'est inspirée pour écrire ses oeuvres. On y découvre également la vie, la destinée et la qualité d'écrivain de ses soeurs Emily et Anne, ainsi que de son frère Branwell, puis la région dans laquelle leur histoire se déroule, le Yorkshire, si particulière et qui semblait leur être si bien assortie. On se familiarise avec une Charlotte à la fois dévouée, respectueuse et sincèrement aimante envers sa famille, une femme au caractère authentique d'une modernité certaine défendant ses convictions, son autonomie, son indépendance, sa liberté et l'idée de parité et d'égalité entre les sexes.

Syrie James a su s'effacer derrière Charlotte Brontë en lui prêtant sa plume avec respect et admiration pour nous présenter la passionnante histoire de sa vie que je me suis sentie honorer de lire. Ce fut un vrai bonheur !

Le journal secret de Charlotte Brontë est une belle découverte pour moi, doublée d'un joli coup de coeur !

Le journal secret de Charlotte Brontë, Syrie James
Le journal secret de Charlotte Brontë, Syrie James

J'ai écrit sur les joies de l'amour. Au fond de mon cœur, je rêve depuis longtemps de vivre une relation intime avec un homme. Chaque Jane, j'en ai la conviction, mérite son Rochester.

Mon père était un immigrant irlandais qui, grâce à sa persévérance et à ses études, s'était élevé amplement au-dessus de la condition de la famille pauvre et illettrée dont il était issu. Quand il avait décliné son vrai nom, Patrick Brunty, à la personne chargée des inscription à l'université St John, à Cambridge, cette dernière avait mal compris son accent irlandais. C'est ainsi que papa avait adopté le nom de Brontë, qu'il trouvait plus intéressant car il venait du mot grec signifiant tonnerre.

Haworth était un petit village du nord du Yorkshire, loin de tout. Dans ce pays de lande de bruyère qu'était notre paroisse, nous étions la seule famille cultivée. L'hiver, la région était ensevelie sous une chape de neige et, à l'exception des mois d'été, balayée sans répit par une bise mordante. Elle n'était desservie par aucun train. Keighley, la ville la plus proche, se trouvait à quatre miles, dans la vallée. Le presbytère s'élevait au milieu de cette terre rugueuse où les collines succédaient aux collines et où régnaient, impitoyables, farouches, le vent et la pluie. Peu de gens étaient sensibles à la beauté que mes sœurs, mon frère et moi trouvions à ces vastes étendues, âpres et désolées. La lande était notre paradis, un lieu d'évasion, où nous pouvions laisser nos imaginations s'emballer en toute liberté.

Au seuil de chaque journée, je m'élançais avec une impatience fébrile, pressée de prendre mon crayon et de me mettre au travail, de découvrir les actes et les paroles à venir de mes personnages. J'étais heureuse. Je me sentais revivre; j'avais l'impression d'avoir dormi pendant cinq ans et de m'être tout juste réveillée; comme si j'avais subsisté en frôlant la famine pendant des années, et que je m'asseyais enfin devant un festin.

Publié dans Les Soeurs Brontë

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Je suis contente de voir qu'il t'as plu ! J'ai adoré cette lecture moi aussi !
Répondre
L
Franchement Audrey, je ne m'attendais pas à découvrir la vie des Brontê ainsi et de me passionner pour cette famille dorénavant !!!
S
Après un billet aussi élogieux, je suis heureuse qu'il soit déjà dans ma PAL :)
Répondre
L
Eh bien pour moi qui ne connaissais absolument rien de la vie des Brontë, c'est vraiment une belle découverte ! Il est certain que j'ai envie de lire l'oeuvre de chacune des soeurs maintenant !