Lettres choisies de la famille Brontë 1821-1855, traduites et annotées par Constance Lacroix

Publié le par LadyRomance

Lettres choisies de la famille Brontë 1821-1855, traduites et annotées par Constance Lacroix

Correspondance publiée le 13 avril 2017 aux Editions Quai Voltaire, 605 pages.

Si les oeuvres des soeurs Brontë sont connues de tous, il n'en va pas de même pour leur correspondance, a fortiori en France où elle n'avait pas encore été traduite. Le présent recueil réunit plus de trois cents lettres de cette famille hors norme.
Celles de Charlotte à son amie Ellen Nussey ou à ses éditeurs londoniens, tantôt véhémentes, tantôt mélancoliques, sont d'une humilité extrême. Durant sa courte existence, Charlotte s'éloigne rarement de la cure de Haworth où elle veille tour à tour son frère et ses soeurs dans leurs derniers instants. Dans ces deuils, la jeune femme qui ne place jamais l'art au-dessus de la vie, laisse des témoignages d'une grande pudeur.
S'ajoutent à cet autoportrait non prémédité les lettres de son frère Branwell, où transparaît la déchéance d'un esprit prometteur; celles d'Emily, plus rares et d'une austérité caractéristique; celle d'Anne, en forme de profession de foi; et, enfin, celles de leur père, qui révèlent une tendresse et un humour inattendus, bien loin des traits sévères sous lesquels il est souvent dépeint.

 

mon avis

Si vous vous intéressez aux différents membres de la famille Brontë, je ne peux que vous recommandez ce recueil de lettres choisies qui se situe entre 1821 et 1855. Cela correspond à la période durant laquelle vécut Charlotte de ses cinq ans à sa mort.
Il est heureux que toutes ces lettres aient survécu aux Brontë car elles permettent vraiment de connaître la vie, les pensées et les ressentis de cette singulière famille. Nous y trouvons des missives des sœurs de Charlotte, Emily et Anne, mais aussi de leur frère Branwell et de leur père. Cependant, la plupart sont de Charlotte qui survivra de quelques années aux trois premiers.
Il s'agit là d'une réelle incursion au cœur d'une vie isolée à Haworth avec son rude climat, à l'image de l'histoire très émouvante et difficile que fut celle des Brontë. Ce qui rend cette lecture si intéressante, c'est que Charlotte raconte énormément tout en ignorant qu'un jour ses lettres seraient lues bien des années encore plus tard. Elle écrivait vraiment sans crainte d'être lu par aucun autre que le destinataire. Alors, elle est d'un naturel qui nous permet de cerner au plus juste sa personnalité... Et quelle personnalité !
Charlotte aspirait à tant de choses ! D'un caractère passionné, elle connaissait souvent la frustration qui mêlée à la culpabilité lui provoquait bien des tourments. Elle ne souffrait pas du célibat mais supportait très mal la solitude, surtout lorsqu'elle se retrouva seule avec son père ayant grand besoin d'elle. Elle avait la chance d'avoir durant toutes ces années une grande amie mais qui malheureusement vivait bien trop loin pour qu'elles puissent se voir souvent.
C'est une Charlotte très touchante et émouvante qui nous est permis de connaître grâce à ses correspondances. Dotée d'une forte personnalité, elle a tout de même pu voyager un peu, à Londres notamment où la recevaient ses éditeurs. Elle pu faire également quelques séjours chez Elisabeth Gaskell, l'autrice de Nord et Sud. Appréciant respectivement leur oeuvre, elles étaient devenues amies. Elle séjournait régulièrement aussi chez Ellen qui passait parfois également quelque temps à Haworth ou elles partaient quelques semaines l'été en bord de mer.
Ces lettres sont une vraie mine d'or pour les admirateurs de la famille Brontë !
Un coup de cœur pour moi !

Lettres choisies de la famille Brontë 1821-1855, traduites et annotées par Constance Lacroix

Il fut un temps où Haworth avait pour moi bien des charmes mais ce n'est plus le cas aujourd'hui - j'ai le sentiment que nous y sommes tous enterrés vifs - j'aspire à voyager - à travailler, à mener une vie active. Pardonnez-moi, ma chère Ellen, de vous importuner de ces vœux stériles - je vous laisse de côté le reste, sans plus vous tourmenter avec tout ceci.

On élève les filles avec un luxe de précautions qui conviendrait à des êtres débiles et, disons-le, ineptes, tandis qu'on lâche les jeunes hommes la bride sur le cou à travers le vaste monde, comme s'il n'existait pas de créatures plus sages et moins susceptibles d'égarements.

Publié dans Les Soeurs Brontë

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