Le messager, L.P. Hartley

Publié le par LadyRomance

Publié le 18 avril 2019 aux Éditions Belfond (Vintage), 390 pages, 18.00 euros.

Thèmes : Angleterre - Norfolk - 1900 - Aristocratie - Amour - Adolescence - Innocence - Drame - Société...

Léon Colston, un vieux monsieur, retrouve son journal intime... L'occasion pour lui de se replonger dans l'été 1900, qu'il a passé dans un château du Norfolk. Un été brûlant et tragique. 

Léon à 13 ans lorsqu'il est invité à passer quelques jours dans une famille de l'aristocratie britannique, les Maudsley. Pour le jeune garçon d'origine modeste, le château de Brandham Hall, dans le Norfolk, les repas cérémonieux, l'armée des domestiques sont un enchantement; mais Léon est également attiré par Marian, la fille aînée des Maudsley, qui lui témoigne une sympathique attention. Quelques jours plus tard, au cours d'une promenade, Léon fait la connaissance d'un métayer de la région, Ted Burgess. Ce dernier lui demande de porter une lettre à Marian. Petit à petit, Léon devient le complice et le messager des deux amants. Un jour, Léon apprend que Marian va se fiancer à un jeune et riche propriétaire de l'endroit, Hugh Trimingham. L'inconséquence de la jeune fille le trouble profondément.

Publié en Angleterre en 1953 et en France en 1955, un classique troublant sur ces instants de l'enfance qui façonnent toute une vie. Porté à l'écran par Joseph Losey, mis en musique par Michel Legrand, le film a reçu la Palme d'or au festival de Cannes en 1971.

mon avis

Le messager est un roman bouleversant sur l'innocence d'un jeune adolescent de famille modeste qui se voit confronter durant l'été 1900 à un monde d'adultes aristocrates avec ses codes qu'il ne peut ni tout à fait comprendre ni appréhender de façon juste dans la situation qu'il vit auprès d'eux à ce moment-là du fait de son jeune âge et de son inexpérience.
Il y a à la fois du merveilleux dans sa découverte d'un "autre monde" auprès de la famille Maudsley dans lequelle il connaît un véritable bonheur jamais ressenti auquel succède le désappointement devant une réalité qui lui échappe.
C'est donc un roman qui évoque la beauté de l'exaltation des émotions et sentiments forts que peuvent vivre les adolescents, que viennent ébranler les apparences et les croyances. Il y a une grande poésie qui ressort du récit mais aussi une gravité certaine relative à la perte des illusions des jeunes années et la prise de conscience d'une réalité plus crue.
Léon, notre jeune héros qui fêtera ses 13 ans en cette fin de juillet 1900, s'imagine un début de XXème siècle tout à fait extraordinaire que des événements dont il croit être responsable comme par magie sont venus lui confirmer. Alors, lorsqu'il tombe amoureux de Marian, la jeune et et très belle sœur de son jeune camarade de classe du pensionnat qui l'a invité à demeurer un mois dans le manoir familial de Branham Hall, il exulte. Il sera tellement heureux de se rendre utile auprès d'elle en devenant son messager d'autant plus qu'elle lui porte de l'attention et développe une certaine amitié pour lui. Cependant, il devient aussi le messager du vicomte que Marian se doit d'épouser et du fermier qu'elle aime en réalité. Léon lui, les appréciant tous les deux et se sentant important dans sa tâche, commencera à se sentir perturbé par cette situation lorsqu'il deviendra plus ou moins empresser de continuer, voire manipuler. Finalement, un drame viendra mettre fin à ses vacances, un choc marquant la fin de son enfance.
Le messager est un très bon roman à la fois poétique et grave sur un épisode de vie d'un jeune garçon qui le marquera à jamais, pour qui les plus beaux moments de bonheur qu'il ait jamais connus se termineront par un drame frappant les personnes qui lui ont permis de vivre pourtant tant de joie et d'émotions fortes au manoir de Bradham Hall.

 

Le passé est un pays étranger : on y fait les choses autrement qu'ici.

Entre Mr. et Mrs. Maudsley, je n'ai jamais perçu le moindre signe de désaccord; elle allait son chemin, lui le sien, tel un gnome laissant derrière lui une traînée d'or. A peine aurais-je pu deviner qu'ils étaient marier, si je ne l'avais su, habitué que j'étais aux façons plus démonstratives de mes parents. Lui seul, me semblait-il, échappait aux plans que Mrs. Maudsley élaborait pour nous tous, car, ainsi que je le compris peu à peu, elle nous tenait tous comme en laisse par le regard de son œil noir. Il nous semblait que nous allions et venions inaperçus, mais ce n'était pas vrai.

Mon exaltation tenait, semblait-il à la présence de Marian. Pourtant, elle ne retomba pas lorsque, après le déjeuner, Marian me demanda de la laisser une heure seule pendant que je visiterais la cathédrale. Sans doute, je sentais que j'allais bientôt la revoir, mais jamais je ne m'étais senti en pareil harmonie avec ce qui m'entourait.

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