Je me souviens de Pemberley, Michèle Calméjane Schneiter

Publié le par LadyRomance

Publié le 22 août 2018 aux Éditions Edilivre, 293 pages, 24.50 euros.

Thèmes : Austenerie - Adaptation - Orgueil et préjugés - Pemberley - Fitzwilliam Darcy - Société - Révolution industrielle - Politique - Romance...

Les héros iconiques de Jane Austen vivent ici une histoire qui va les confronter à des événements politiques et sociaux ayant marqué le début du 19e siècle en Angleterre. Tandis qu’Elizabeth doit faire face à une trahison qui risque d’anéantir sa famille, Fitzwilliam Darcy, de son côté, doit agir pour sauver sa jeune sœur du déshonneur. Tous les deux victimes des manœuvres de Wickham, le maître chanteur, ils vont connaître, pour l’une la misère des bas-fonds de Londres et la paille des cachots, pour l’autre, la violence d’une mission périlleuse qui ne le laissera pas indemne. Le gentleman sait-il que Miss Bennet n’est pas indifférente à son charme ? Par maladresse, ne risque-t-il pas de laisser passer sa chance de se lier à celle qui l’a séduit dès leur première rencontre ?
 

mon avis

Il est rare que je lise des austineries. Si mes souvenirs sont bons, je n'en ai lu que trois car je préfère un roman original se déroulant durant la Régence qui s'inspire du style (ou pas) de Jane Austen que des relectures ou adaptations. Cependant, lorsque Michèle Calméjane Schneiter, que je remercie, m'a proposé de lire son roman Je me souviens de Pemberley, je me suis laissée tenter par curiosité. En effet, la 4° de couverture laissait supposer une intrigue se déroulant dans un contexte plus social et politique qui pouvait se montrer intéressante et à coup sûr différente de ce que l'on nous propose habituellement.
Et je dois dire qu'effectivement, j'y ai trouvé une nette différence. Certains événements et aspects dès le début du récit m'ont même assez dérangée car je ne m'attendais tout de même pas à ça. Car pour le coup, j'ai ressenti qu'on s'éloignait carrément de l'esprit et l'ambiance de l'univers de Jane Austen c'est-à-dire de la légèreté et l'humour qui la caractérisent et qui ne l'empêchent pas pour autant, bien au contraire, de révéler nombre de petits et gros travers de l'époque.
Dans Je me souviens de Pemberley, nous sommes rapidement plongés dans une intrigue plus sombre que celle de Orgueil et Préjugés. Cela aurait même pu être un tout autre roman avec sa propre originalité si l'autrice l'avait souhaité. Car il s'agit ici d'une relecture d'un tout autre type qui diffère à mon avis du monde littéraire de Jane Austen tel que je me le représente. Le déroulement de l'histoire ici est chargé en aventures et péripéties nettement marquées par les drames et tragédies qui sont présentés dès le début du roman. Vous êtes avertis.
C'est pour cela qu'il me semble que le roman de Calméjane Schneiter est vraiment à lire comme une œuvre originale qui s'inspire d'Orgueil et préjugés, certes, et de ses personnages mais qui suit sa propre trajectoire aussi bien dans l'esprit que dans l'intrigue. L'histoire prend une tournure beaucoup plus lourde et tourmentée que celle de l’œuvre originale.
J'ai énormément aimé les personnages de Elizabeth Bennet et surtout celui de Fitwilliam Darcy qui se révèlent tous deux dans une belle palette de possibilités dans le respect des personnages originaux de Jane Austen. J'ai beaucoup apprécié le fait que leur psychologie respective soit aussi efficacement approfondie.
J'ai perçu ce roman qui est très bien écrit comme une occasion de faire revivre à Lizzie et Darcy leur histoire d'amour autrement dans des circonstances encore moins propices et favorables que celles de Orgueil et préjugés dans un style tout à fait inédit et assumé par son autrice.

 

Je ne peux détacher mes yeux de son visage. Elle me semble assez jolie, son teint légèrement hâlé lui donne un air de bonne santé. Le froid rosit ses joues et le bout de son nez. Ses yeux d’un bleu rare me fixent avec une froideur qui me semble exagérée en la circonstance.
Je l’aide à ramasser les branches de houx sur le sol. Je cherche quelque chose à dire pour la dérider, il suffirait peut-être que je prenne un ton léger, mais je ne sais pas badiner, mon naturel austère prend le dessus :
– Mon chien vous a bousculée, j’en suis désolé, mais il est jeune, il aura voulu jouer, lui dis-je, souhaitant orienter la conversation sur le comportement de nos fidèles compagnons.
– Votre chien n’est pas en cause, ce n’est qu’un animal, c’est à vous de le maîtriser.
– J’admets avoir été négligeant. Je pensais être seul dans ce bois... Je comprends que vous soyez contrariée...
Après que j’ai reconnu ma faute, j’espère que notre conversation va prendre un tour plus courtois, mais il n’en est rien.
– Bien sûr que je suis contrariée, notre servante a autre chose à faire aujourd’hui que de nettoyer les dégâts provoqués par de la boue sur mes vêtements.
Je sens que sa colère ne tombera pas et me montre moins conciliant.
– Eh bien, est-ce l’habitude ici de se comporter d’une façon si peu plaisante ?
– Et vous Monsieur, est-ce votre habitude de ne pas vous excuser lorsque vous causez du tort à quelqu’un ?
Elle tourne les talons et je reste sur place sidéré et furieux ; d’autant que je me souviens lui avoir dit que j’étais désolé par deux fois.
Pourtant, en la regardant s’éloigner, je ne peux m’empêcher d’apprécier la légèreté de sa démarche. Elle a rabattu sa capuche et je ne vois que le balancement de son manteau qui s’enfonce dans la brume.

Ma passion pour la botanique a crû au fil des années et j'ai soif d'élargir mes connaissances. Je me suis aménagé un coin sous la verrière, consacré au séchage des plantes. Après ma chambre, c'est l'endroit de la propriété où je passe le plus de temps.
J'ai depuis longtemps le vaste projet de rédiger une nomenclature des plantes médicinales répertoriées selon leurs propriétés et leur préparation. Les herbiers élaborés après des années de cueillette me procurent une source de renseignements intarissable.

Publié dans Jane Austen

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